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Elena Kostioutchenko, journaliste russe en exil : « Maintenant, nous ne pouvons plus compter que sur nous-mêmes »

Au premier jour de l’invasion de l’Ukraine, le 24 février 2022, Elena Kostioutchenko, reporter à Novaïa Gazeta, s’est rendue sur place. Elle y est restée cinq semaines, devenant ainsi la dernière journaliste d’un média russe indépendant à travailler en Ukraine. Ses écrits sur les exactions menées par les forces russes ont contraint son journal, dont six collaborateurs ont payé de leur vie leur travail depuis sa création, en 1993, à suspendre, pour la première fois, son activité.
En octobre 2022, alors qu’elle se trouvait à Munich (Bavière), et sollicitait un nouveau visa ukrainien, Elena Kostioutchenko a été victime d’une tentative d’empoisonnement. De passage à Paris, cette femme de 36 ans au regard lumineux, qui avait fait scandale dans son pays en révélant son homosexualité, en 2011, publie son premier livre traduit en français, Russie, mon pays bien-aimé (Noir sur blanc, 400 pages, 24,50 euros).
Navalny n’est pas mort, on l’a tué. C’est important de comprendre cela. Ils ont réussi à le tuer la seconde fois. Les services spéciaux russes l’ont d’abord empoisonné en 2020. A l’hiver 2021, il est rentré de l’hôpital allemand en Russie et a été arrêté à l’aéroport. Il disait qu’il devait être avec son pays et son peuple, qu’il était responsable envers ses concitoyens, à qui il avait promis une autre Russie.
La responsabilité de l’assassinat de Navalny incombe à Vladimir Poutine, personne d’autre ne peut prendre une telle décision. Et Poutine voulait bien sûr enterrer avec Navalny notre espoir, l’espoir pour la Russie future qu’il nous avait promis, pacifique, libre, heureuse. Mais cette idée ne peut être tuée.
Quelqu’un parmi les 150 millions de Russes. Ioulia Navalnaïa, la femme d’Alexeï, a dit qu’elle continuerait le combat de son mari. Je ferai tout pour la soutenir. Maintenant, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes.
L’enquête est toujours en cours, et moi et ma compagne, qui m’a rejointe en Europe, déménageons tous les mois. C’est fatigant, d’autant plus que je ressens encore les effets de cette tentative. Mais j’ai aussi des bonnes nouvelles ! Je me marie bientôt et j’ai retrouvé le terrain, même si je ne peux pas encore en parler.
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